OHADALEGIS 2001 - 2020

INTERVIEW DE ME MANDESSI BELL EVELYNE A L'OCCASION DU 19EME ANNIVERSAIRE DE OHADALEGIS !





Me Mandessi Bell, bonjour. Cette interview se situe à un important carrefour, celui du 19ème anniversaire de Ohadalegis. Qu’est-ce qui vous a poussée à mettre Ohadalegis en ligne en 2001 ?

Me Mandessi Bell.  Je le dirai une fois de plus. Parmi les nombreux facteurs qui m’ont poussée à mettre en ligne Ohadalegis en 2001, il y a eu, outre l’existence de ce droit sous-régional que constituait le Droit des affaires Ohada, le très grand choc de voir dans les rubriques « Assistance aux entreprises », structures de conseils et rubriques connexes des sites officiels des Etats africains membres de la Zone Ohada et guides d’affaires relatifs à ces pays, exclusivement les noms de firmes de conseils étrangères et professionnels « extérieurs » ! Tant d’années après les Indépendances, et avec tous les intellectuels et professionnels que l’Afrique avait produits !

Question. Nous supposons que cet anniversaire est un moment de satisfaction pour vous.

Me Mandessi Bell. Effectivement, c’est un moment de grande satisfaction car 19 ans de présence continue sur le web professionnel, ne sont pas 12 jours ou 12 mois, cela se fête. Lorsque l’on regarde le paysage du Web, on constate en effet que nous les Africains avons investi le web très tard et souvent de manière sporadique et fugace.

Très tard.
Je n’invente rien à ce sujet, sur le web, comme dans les autres domaines, ce sont ceux qui sont présents sur le terrain les premiers qui sont en pôle position après, même s’il est vrai que par la suite, l’excellence d’intervenants ultérieurs peut modifier cette donne. Or pour bon nombre de professionnels africains, le web était et est encore une chose lointaine, comme la lune.

J‘ajoute en le rappelant de manière anecdotique que malheureusement, ceux des Africains qui ont vite compris l’intérêt du web l’ont investi dans des domaines douteux. Je veux parler des spécialistes des escroqueries sur Internet dont bon nombre (même si ce n’est pas tous) proviennent des pays africains. Je veux parler également des filières de prostitution organisée dont sont victimes les jeunes filles et jeunes femmes africaines qui rêvent « du Blanc qui va venir les sauver de la pauvreté » …

De manière très sporadique.Il est vrai que rester présent sur le web exige des efforts continus, pour fournir du contenu et le renouveler etc. Or, pour de nombreux Africains, professionnels ou non, être en  contact avec le web se résume assez souvent à avoir une adresse email, au risque d’apparaître comme l’Homme de la Préhistoire si cet élément n’est pas inclus dans votre carte de visite….   Lorsqu’un effort suprême est fait pour mettre un site en ligne, c’est un site « carte de visite » sans contenu renouvelé, qui d’ailleurs, dans les 2 à 3 années de sa mise en ligne, mène assez souvent à un message indiquant que la page n’est pas/plus accessible ou « erreur 404 » montrant qu’il n’y a plus personne à cette url. Pour ne prendre que l’exemple des simples adresses électroniques, dans le cadre de campagnes d’information en ligne de professionnels en zone Ohada faites par le Cabinet en 2019 et au début de cette année, nous nous sommes retrouvés face à des situations où plus de 3/4 des envois ont abouti à un message d’erreur avec adresses électroniques inaccessibles car n’existant plus …

Question. Pour vous, il y a un intérêt certain pour les Africains à être sur le web ?

Me Mandessi Bell. Oui, car les domaines dans lesquels des services et produits peuvent être offerts sont innombrables, quels que soient les fournisseurs de ces produits et services. Les start-ups africaines sont en train d’investir leurs efforts dans le numérique tous azimuts, mais la même tendance n’est pas observée au niveau de certains professionnels notamment du droit. Les services et produits demeurent en grande majorité fournis dans le cadre classique et pas en ligne.

Il est vrai qu’il existe certains obstacles à franchir dont la maîtrise en continu n’est pas toujours aisée :

. l’accessibilité des clients à un site à jour, et où il est sûr de pouvoir avoir une réponse aux demandes d’information etc., ce qui n’est pas toujours aisé avec les responsables (informaticiens et autres) auxquels ces tâches sont confiées, pas toujours rigoureux ni actifs, ce qui peut conduire à « débrancher les clients » ou à susciter de la méfiance,

. en dehors de possibles aléas de coupures de courant, la fiabilité même de la connexion internet, laissant à désirer malgré les nombreux slogans commerciaux en sens contraire, susceptibles de décourager ceux qui souhaiteraient s’engager dans la fourniture de services et produits en ligne, ce qui peut nécessiter de penser à aménager des schémas complémentaires pour les assurer.

Cette question de la fiabilité de la connexion internet est un véritable problème au moment du développement tous azimuts des activités du numérique conduisant à la dématérialisation de plus en plus importante de nombreuses procédures et formalités. Ainsi, un certain nombre de procédures administratives sont dématérialisées et l’usager est obligé d’utiliser ces schémas en ligne :

. ce qui suppose qu’il a les outils pour ce faire,
. qu’il sache les utiliser de manière générale mais aussi qu’il maîtrise effectivement les contours de la procédure ou formalité en ligne pour pouvoir faire exactement ce qui lui est demandé (ce qui n’est pas évident pour tout le monde),
. en outre, cela suppose qu’il n’y ait pas de courant coupé ou la connexion très lente ou ne fonctionnant pas au moment où il doit aller en ligne ….

Or curieusement, les textes sur ces procédures dématérialisées sont rédigés comme si « tout était en permanence  parfait dans le meilleur des mondes » et ne prévoient jamais les deux cas de figures sus-visés ne dépendant  toutefois en aucune façon de la volonté de l’usager qui ne pourra même pas, s’il a un minimum de connaissances juridiques, invoquer la force majeure  ne lui ayant pas permis de faire ce qui lui est demandé en ligne puisque ces deux situations ne sont pas des cas de force majeure. La sanction tombera : pénalité à payer, irrecevabilité du dossier etc …

Aucun domaine n’étant jamais sans aspérités, nous maintenons que l’intérêt d’être sur le web n’a plus à être démontré, compte tenu des nombreux domaines dans lesquels des produits et services peuvent être proposés. Le développement des activités du numérique par exemple sera une grande opportunité pour les avocats qui se seront préparés à gérer par exemple des pré-contentieux et contentieux dans ce domaine.

Nous allons pour notre part :

- proposer quelques services et produits en ligne additionnels, notamment  :

. règlement transactionnel des pré-contentieux et contentieux d’affaires en ligne  dans le cadre d’un schéma différent de l’arbitrage ou de la médiation classiques (voir ici ),
. conférences et séminaires en ligne,
. et divers autres produits et services pour des catégories différentes qui n’ont pas les mêmes besoins en informations et ressources (porteurs de projets, futurs actionnaires ou associés, dirigeants de société, sociétés en activité, créanciers de telles sociétés …),

- nous impliquer dans des domaines additionnels :

. économie numérique,
. troc inter entreprises en ligne;

Question. Qu’en sera-t-il de l’économie numérique ?

Me Mandessi Bell. Un Portail de l'économie numérique en zone Ohada va être mis en place.

Le numérique est un domaine attisant toutes les convoitises et donnant lieu à un tsunami d'a priori optimistes compte tenu des possibilités effectives qu'il offre, mais l'économie numérique est en train de se mettre en place avec des contours de sécurité mal agencés ou totalement inexistants, comme une étude en guise de petit état des lieux en zone Ohada en cours le montrera.

Les perspectives de développement légitimement attendues ne pouvant reposer sur les seuls postulats de "ces énormes possibilités", le portail qui sera mis en place aura pour objet l'accompagnement de ce secteur en zone Ohada dans diverses articulations, avec en toile de fond le leitmotiv de la sécurité pour les diverses parties prenantes et acteurs.

Seront proposés des documents contractuels sécurisés liés à ces activités du numérique, des services de conseils et d’audit sur des points divers dans le cadre de la fourniture de ces services et produits, y compris lors des levées de fonds, des services de gestion de pré-contentieux et de contentieux en ligne, des formations aussi bien pour les professionnels que pour les start-ups (l’entreprenariat numérique n’ayant pas le même profil que l’entreprenariat « classique »….).

Question. Pouvez-vous nous en dire plus sur le troc inter-entreprises ? Notamment, quel peut être l’intérêt pour des entreprises de faire du troc ? Dans quels domaines le troc peut-il être mené ?

Me Mandessi Bell. Au niveau des entreprises et des Etats dans le monde, selon des chiffres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), 15 % des échanges mondiaux s'étaient effectués en 2011 sans recourir à une monnaie nationale, et l’International Reciprocal Trade Association (IRTA), organisation professionnelle internationale pour les échanges interentreprises a, en 2018, estimé entre 12 et 14 milliards de dollars les échanges de ce type entre des entreprises (Barter Industry By Sector - IRTA 2018).

Or, l’Afrique est quasi-absente de ces schémas dynamiques dont elle profite peu pour des raisons diverses et peut-être confuses: absence d’information en ce domaine ? Préjugés d’archaïsme sur cette très ancienne pratique commerciale ? Doute sur l’intérêt économique de tels échanges ? Nous pensons qu’il est temps de tourner la tête pour comprendre ce qu’est le troc dans sa forme actuelle et de profiter de ce qu’il peut apporter.

S’agissant des entreprises, les bénéfices peuvent en effet être nombreux : valorisation de leurs actifs non utilisés ou dépréciés, préservation de leur trésorerie, mise en place de nouveaux partenariats d’affaires  etc. Certaines entreprises occidentales et asiatiques ne s’y sont d'ailleurs pas trompées  : elles ne se contentent pas d’utiliser le troc seulement en périodes difficiles, mais comme véritable dynamique de leur développement, de conservation de leurs avantages concurrentiels etc. En effet, la mise en œuvre de tels échanges inter-entreprises conduit assez souvent les dirigeants à avoir un autre regard sur leur entreprise en les amenant notamment à prendre conscience des éléments du patrimoine de l’entreprise cachés ou insuffisamment exploités et à mettre en place une gestion davantage dynamique des actifs etc., avec un effet de levier important. 

Ce service dont les contours ont nécessité une profonde réflexion menée depuis un certain temps  sera ouvert bientôt.

Question. Quels seront donc les contours de la plate forme de troc qui sera  mise en place ?

Me Mandessi Bell. Il s’agira de mettre en place un outil permettant aux entreprises en Zone Ohada d’utiliser la dynamique du troc au mieux de leurs intérêts, dans la sécurité.

Au mieux de leurs intérêts, signifie qu’il ne s’agit pas de faire du troc « tous azimuts » et n’importe comment, mais des opérations susceptibles de leur apporter un véritable bénéfice, raison pour laquelle, des sessions préalables d’information et de formation sont prévues. Pour vous préinscrire gratuitement en rappelant dans votre message l'objet (sessions gratuites troc), cliquez ici. Vous pouvez inclure vos préoccupations particulières. Vous recevrez les informations sur les dates des sessions.

Dans la sécurité car aucun progrès ou développement n’est envisageable sans sécurité : les échanges donneront notamment lieu à la signature par les intéressés de documents contractuels en bonne et due forme.

Maître Mandessi Bell, merci pour tous ces éclaircissements. Bon anniversaire à Ohadalegis !

 

 


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